Le passé exact de Marruk resta toujours dans l'ombre, et est relativement brumeux, même pour lui, en ce qui touche sa petite enfance. Il arriva en France à l'âge de douze ans, en provenance de la Serbie. Il était passé entre temps par divers autres pays d'Europe, mais les souvenirs qu'il en garde sont relativement brouillés, et son père ne s'est jamais montré très ouvert à ce sujet, ou à aucun autre d'ailleurs.

L'intégration fut difficile pour la famille immigrée, mais malgré tout réussie. Le père de Marruk, un homme assez intelligent et possédant de nombreuses compétences ainsi qu'un sens moral douteux, pour ne pas dire inexistant, se fit peu à peu sa place dans les quartiers pauvres de la grande ville où ils avaient atterris, pendant que sa mère s'occupait d'élever l'enfant.

Il fut scolarisé à treize ans, ne parlant que laborieusement le français et avec un retard dans à peu près dans toutes les matières, à l'exception des mathématiques, pour lesquels il avait un talent naturel. Son autre talent, c'était celui d'escroquer ses petits camarades, généralement pour des choses sans importante, et sans se faire prendre en plus.

Les choses se corsèrent néanmoins avec les années, et quand à dix-sept ans, il fut expulsé de son école pour avoir monté une arnaque impliquant des téléphones portables et une belle marge de bénéfice pour lui, il entra dans le « monde des affaires » pour de bon.

À vingt-deux ans, il quitta la France pour le Canada, suite à des ennuis judiciaires plus importants, et vint s'établir, avec son sens des mauvais coups et son accent de l'est persistant, dans la ville de Montréal, où, quelque peu assagi par les ennuis auxquels il avait échappé, il monta un petit commerce dans le genre bazar, vendant de tout et de rien, sans trop s'impliquer dans de mauvais coups mais sans jamais non plus poser trop de questions sur la provenance des marchandises diverses qu'il pouvait acheter à un prix étonnement bas par rapport à leur valeur réelle.

Quand le monde autour de Montréal a changé, il n'a pas modifié ses activités louches... il s'est contenté d'augmenter les prix de la plupart des marchandises, et de commercer avec les Fevers, à l'extérieur. Il fournit à peu près tout, dans les deux sens, tant qu'on y met le prix, et n'hésite pas à « convaincre » ses fournisseurs, en engageant des gros bras si besoin est... Il accepte tous les fournisseurs, et serait même prêt à traiter avec les Ombres le cas échéant... en prenant de sérieuses précautions de sécurité pour lui-même, bien entendu.